Henri Husetowski - L'été chagrin

Éditions : Buchet Chastel - Nombre de pages : 255

4ème de couverture :
"Il me regarde, je suis encore par terre. Comme s'il ne s'était rien passé, il me demande :
- Dis donc, ça fait quoi quand on n'est pas juif ?
- Ça fait qu'on est chrétien catholique.
- Mais quand on a été juif comme toi, comment on se sent quand on l'est plus ?
Voilà une question que je me suis jamais posée, il m'énerve, mais je répondrai pas. Il ajoute :
- Parce que si t'es pas juif, pourquoi tu te caches comme moi ?"

Été 42. David ne s'en laisse pas raconter. Sa mère, veuve Yourguevitch, a eu l'intelligence de se remarier avec M. Duval. Pour plus de sécurité, elle a fait baptiser David. Elle est formelle. Maintenant, tous les deux sont de vrais français. Ils n'ont rien à craindre ! Il faut juste que David fasse plaisir à sa maman, qu'il ne soit pas un fainéant comme son père, et qu'il devienne ingénieur.
Mais une nuit, cet été-là, des voitures noires et des camions viennent chercher tous les juifs du quartier. Par miracle, David leur échappe. Seul, soudain, son monde s'effondre. Seul, il comprend que sa mère et les adultes lui ont menti. Sur qui pourra-t-il compter désormais, alors qu'il lui faut tout quitter ?...

L'Été chagrin est un premier roman bouleversant. Sans pathos, avec humour, Henri Husetowski brosse le portrait attachant d'un enfant pris dans la tourmente de l'histoire. Un roman fort, pour les adultes comme pour les adolescents.

Mon avis :
Dès les premières pages, on ne peut que s'attacher au narrateur, ce petit garçon de 10 ans, qui nous raconte la vie telle qu'il la perçoit : ses journées d'école, son copain Yacov, son baptème qui l'a fait devenir catholique, sa mère, ses voisins... Mais très vite, son caractère m'a quelque peu dérangé : il est excessivement menteur, coléreux, imbu de sa personne tant il écoute sa mère lui répéter qu'il est beau, intelligent et qu'il sera ingénieur plus tard... Pour finir par profondément m'attrister lors de ses crises où il sombre dans un monde irréel parce qu'il est trop jeune, trop seul et parce qu'aucun enfant de son âge ne devrait avoir à subir cela : la perte de sa mère, emmenée il ne sait où, de son copain, la peur des allemands et le constat qu'il ne peut faire confiance à personne : même sa mère lui a menti !

J'ai donc trouvé cette lecture très triste et, malheureusement, je trouve que l'écrivain n'a pas fait de son personnage principal un petit garçon sympathique : tous ses mensonges, ses colères, ses folies m'ont un peu agacée... De plus, j'ai trouvé que de nombreux personnages étaient un peu trop caricaturaux en particulier la mère de David, "la mama possessive", tellement entichée de son fils qu'elle en devient parfois méchante envers les autres et même bête...

Pour finir, je lis très peu de livres plutôt destinés à la jeunesse parce que je n'adhère pas vraiment au style, parfois trop enfantin et ce livre n'a pas failli à la règle... ;-)

Un petit garçon qui a perdu ses repères :
"Ça me laisse comme deux ronds de flan, y a que des enfants sur la terre ! Le monde entier n'est plus pareil, tout vient de s'écrouler, y a personne pour me défendre. Je me dis que j'ai dix ans, que dix ans ! Que je suis petit, que ce qui m'arrive c'est pas normal pour mon âge. J'ai rien compris depuis cinq minutes, Mme Souslovska n'est pas comme je croyais, maman m'a menti, je reconnais plus ma mère... qu'est-ce qui a changé depuis ce matin ? " (Buchet-Chastel - p.54)

A propos du soleil...
"[...] le bonheur c'est comme le soleil, quand il part c'est la nuit, et puis, il revient, il fait jour et il faut chaud. [...] Je voudrais que le soleil revienne vite, j'ai tellement froid." (Buchet-Chastel - p.235)

Une déception donc...  ;-)

Plaisir de lecture : 

D'autres avis :
Nanne que je remercie chaleureusement pour avoir eu l'extrême gentillesse de me prêter ce livre et qui a, comme a son accoutumé, écrit un superbe billet sur ce livre
et Esmeraldae qui a trouvé que ce livre était un très bon roman sur la guerre.

Durant l’occupation allemande, les 16 et 17 juillet 1942 a lieu la rafle du Vél d’Hiv (Vélodrome d'Hiver) à Paris : 13 152 juifs parisiens, dont 4 115 enfants, étaient arrêtés par la police française au cours d'une opération baptisée "vent printanier". La plupart d'entre eux mourront à Auschwitz. Cette vague d'arrestations ne fut ni la première, ni la dernière. Mais elle a été la plus massive.

Comments

[Lounima]

@Melmelie : Merci pour le conseil ! ;-)

[melmelie]

En jeunesse sur le même thème mais vraiment bien, tu as "qui se souvient de Paula ?" de R. Slocombe, que j'avais beaucoup apprécié l'an dernier.

[Lounima]

@Aifelle : Je te comprends ! ;-)

@Nanne : C'est dommage, je n'ai sans doute pas été assez attentive à l'histoire de ce petit garçon, il ne m'a donc pas plus touchée que ça... ;-)

@Ys : Tu fais bien alors... ;-)

@Pom : Oui, c'est vraiment dommage... ;-)

@Esmeraldae : Tu ne le classes pas dans les romans jeunesse ? C'est vrai que le thème est dur mais je trouve qu'il correspond assez bien aux adolescents... ;-)

[esmeraldae]

je n'aurais pas dit qu'il était porté jeunesse. ce n'est pas un livre qui fait l'unanimité en tout cas

[Pom]

les histoires vus à travers les yeux d'enfants sont parfois plus abordables, c'est dommage