J. Díaz Canales, J. Guardino - Blacksad T.4 - L'Enfer, le silence
Editions : Dargaud - Scénario : Juan Díaz Canales - Dessin : Jaunjo Guardino -
Couleurs : Jaunjo Guardino - Nombre de pages : 56
Petit rappel sur la série :
Pour tous ceux et celles qui ne connaissent pas encore cette série, je me permets un petit rappel...
La série prend place aux Etats-Unis dans les années 50, dans une atmosphère assez sombre qui rappelle assez l'ambiance de la série télévisée Mike Hammer (une série américaine avec Stacy Keach que je regardais lorsque j'étais jeune...).
John Blacksad est un détective privé : rusé, charmeur, solitaire, il a tout du... félin ! Et, en effet, c'est un chat ! D'ailleurs, tous les personnages de la BD sont des animaux, chacun caractéristique de l'image que l’inconscient populaire accorde à l'espèce concernée : ainsi, les méchants sont des animaux assez moches et peu appréciés alors que les gentils sont beaux et réputés pour leur intelligence et/ou leur sens du service, c'est particulièrement frappant dans le premier tome où les méchants sont, entre autres, un rat, un serpent et un affreux crapaud, les brutes épaisses sont figurés par un rhinocéros et un ours et le policier est un chien... Ceci étant dit, c'est beaucoup moins évident dans les tomes suivants bien que chaque personnage conserve toujours un trait de caractère communément prêté à l'animal dont il emprunte les traits...
Petit détail, mais qui a son importance pour qui ne supporte plus les séries à rallonge : chaque tome relate une histoire différente avec un début et une fin, pas besoin d'attendre la sortie du prochain album pour connaître la suite... ;-)
Blacksad est, pour moi, une des plus belles BD qui existent : dessins esthétiques, scénarios riches, dialogues percutants : tout concoure à faire de cette série une BD incontournable à lire et relire ! Mais (eh oui, il y a un mais), si je continue à prendre plaisir à lire chaque album, le premier demeure largement au-dessus du lot et reste à ce jour mon préféré...
Mon résumé :
Années 50, La Nouvelle-Orléans. Faust Lachapelle, très malade, s'inquiète de la disparition de son plus talentueux jazzman, Sebastian "Little Hand" Fletcher. Devenu héroïnomane, ce dernier a abandonné sa femme enceinte; Faust craint le pire : et si Sebastian avait fait une bêtise ? Blacksad accepte de mener l'enquête mais se rend très vite compte que l'affaire n'est pas si simple... Pourquoi Ted Leeman, le détective engagé par Faust avant Blacksad a-t-il été viré ? Que signifie la jalousie de Thomas Lachapelle, le fils de Faust ? Quels secrets cachent les amis de Sebastian ?
Mon avis :
"Sartre affirme que l'enfer, c'est les autres. La phrase est brillante, mais je crois qu'elle reflète plus d'un état d'âme qu'une vérité universelle. Je veux bien admettre que les autres peuvent nous rendre la vie insupportable, mais ils peuvent aussi être nos compagnons de Paradis. Pour moi, l'Enfer c'est le néant, un endroit sans mes amis, sans musique, sans paroles qui stimulent l'imagination, sans beauté qui exalte les sens...". Les premières pages donnent le ton : dans cet album, il n'est pas question de légèreté : drogue, mensonges, secrets inavouables, maladies... que de sujets graves et sombres jalonnent les pages de cette BD... Pourtant, c'est dans une Nouvelle-Orléans en pleine fête de Mardi-gras, exubérante et colorée que Blacksad mène l'enquête alors même qu'à chaque coin de rue, des groupes de musiciens font retentir leur musique jazzy... Le contraste entre l'insouciance de la ville en fête et la profondeur de l'intrigue est assez saisissant !
Mais ce qu'il y a, pour moi, de plus spectaculaire dans cet album, c'est la succession d'atmosphères totalement différentes : ici, nous sommes dans l'atmosphère enfumée du New Orléans'N Jazz Fun, savourant le strip-tease langoureux d'une panthère, là, nous nous promenons paresseusement au soleil, nous régalant des notes jazzy d'un groupe de musiciens de rue, plus loin, nous dégustons un repas créole sous l'ombre bienveillant des arbres, plus loin encore, nous rendons visite à une toute jeune mère dans un appartement qui a connu des jours meilleurs, etc... autant d'ambiances différentes alors que si peu de temps s'écoule entre le moment où Faust confie l'affaire à Blacksad et sa résolution... Cela m'émerveille ! ;-)
Par contre, la structure du scénario m'a un peu déstabilisée : en effet, l'intrigue n'est pas "linéaire", pratiquement tout l'album est construit sur une succession de flashbacks dont la chronologie m'a parfois échappée. Mais, pas d'inquiétude, l'ensemble reste fluide et compréhensible (à la deuxième lecture... non, je plaisante !)... En revanche, la dernière planche tournée, je suis restée sur ma faim, tout ne me semble pas avoir été dit (mais qui est ce matou sorti de nulle part planche 41 ???) !!! Je n'en dévoile pas plus, je vous laisse le soin de la découverte...
Concernant les dessins de Guardino, je suis totalement sous le charme depuis le premier tome, c'est d'ailleurs ce que je préfère dans cette série : je les trouve beaux, esthétiques et excellents... ! Les expressions et mouvements des personnages sont fascinants de réalisme, les couleurs superbes : en un mot, je suis conquise !! Chaque planche mérite quelques minutes d'attention pour en découvrir tous les détails... N'hésitez donc pas : arrêtez votre lecture quelques instants et savourez les images... ;-)
A lire et relire ! ;-)
Toutes les images proviennent du site de l'éditeur Dargaud.
Cet avis constitue ma neuvième participation à la BD du mercredi organisée par Mango.