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Lectures de Lounima
15 octobre 2011

Amitav Ghosh - Les Feux du Bengale

GhoshÉditions : Points - Traduction : de l'anglais par Christiane BESSE -
Titre original: The Circle of Reason - Nombre de pages: 496

4ème de couverture :
Oncle Balaram a un drôle de métier : il étudie les bosses du cerveau. Alu, jeune orphelin, est recueilli par ce médecin extraordinaire qui décide de faire de lui un tisserand. Mais voici que son oncle découvre Pasteur et se lance dans un folle croisade contre les microbes qui n'est pas du goût des autorités. Commence alors, sur les chemins de l'Inde, de l'Arabie et de l'Afrique, une rocambolesque odyssée de la Raison contre la Superstition...

Mon avis :
"A peine l'enfant était-il arrivé, racontèrent les gens plus tard, que Balaram se précipita dans la maison chercher les Pinces. [...]
Des années plus tard - treize pour être précis -, quand, installés sous le grand banyan au milieu du village (où le portrait grandeur nature de Bhudeb Roy s'était autrefois effondré dans un tel fracas), les gens commentèrent les événements, il fut généralement admis que l'arrivée de l'enfant en marquait le véritable commencement. Certains affirmèrent qu'ils avaient su dès qu'ils avaient vu cette tête. Ce qui était un peu difficile à croire. Mais il s'agissait tout de même d'une tête extraordinaire - une tête énorme, dix fois trop grosse pour un gamin de huit ans, et curieusement grumelée, pleine de bosses et de nodosités.
On dirait un rocher couvert de mousse, déclara quelqu'un. Mais Bolai-da, qui avait abandonné son commerce de réparations de cycles pour courir tout le long du chemin, sur ses jambes grêles et tordues, derrière le rickshaw qui ramenait Toru-debi et l'enfant de la gare, refusa d'en convenir. Non, dit-il immédiatement, ça ne ressemble pas du tout à un rocher. C'est un
alu, une patate, une énorme pomme de terre nouvelle couverte de protubérances.
C'est ainsi qu'Alu fut surnommé
, et qu'Alu il demeura, bien qu'il possédât un autre nom on ne peut plus religieux - Nachiketa. Nachiketa Bose. Mais on ne l'appela jamais autrement qu'Alu, un sobriquet dont personne ne pouvait contester le bien-fondé."
(Points - p.13-14) Lalpukur, petit village proche de Calcutta. Alu, jeune garçon de huit ans, est recueilli par son oncle et sa tante après le décès de ses parents. Et quelle famille d'accueil ! Entre sa tante, Toru-debi, couturière de son état, et terrorisée à l'idée de s'occuper d'un enfant et son oncle, Balaram, instituteur, passionné de phrénologie et de Pasteur, Alu a de quoi demeurer perplexe ! - Et c'est peut-être la raison de son mutisme quasi permanent tout au long du roman (alors même que l'auteur le déclare extrêmement doué pour les langues) !! Bref, le petit Alu grandit donc dans une atmosphère assez burlesque finalement : alors que sa tante reste enfermée avec ses machines à coudre, son oncle, lui, en plus d'étudier les bosses du crâne de son neveu, tente d'assainir les taudis à coup d'acide phénique, ce qui n'est pas forcément du goût de tout le monde ! Sa révolution purificatrice tourne d'ailleurs au drame et Alu doit fuir, un policier ornithologue à ses trousses... Je vous laisse découvrir les nombreuses autres aventures tout aussi... surréalistes qui suivent ! ;-)

Amitav Ghosh. Un auteur incontournable pour qui s'intéresse à la littérature indienne. Et pourtant, je n'avais encore lu aucun de ses romans ! D'ailleurs, Les Feux du Bengale, et ceci malgré le prix Médicis obtenu par l'auteur pour ce livre en 1990, traînait dans ma pile à lire depuis une éternité lorsque je me suis enfin décidé à l'ouvrir... J'ai donc effectué le grand plongeon cet été et me suis bien brûlée !!!!
Cela fait plusieurs semaines maintenant que j'ai tourné la dernière page de ce roman dense (c'est le moins que l'on puisse dire) et, somme toute, assez complexe et je ne sais toujours pas vraiment ce qui n'a pas fonctionné. Certes, il est indéniable qu'Amitav Ghosh est un conteur hors pair maniant les mots avec talent; il est indiscutable que ce roman mêle avec brio de nombreuses histoires qui, presque toutes, fleurtent avec le surréalisme; et il est remarquable de constater avec quelle habileté Amitav Ghosh réussit à nous entraîner dans un univers dont on a du mal à se défaire alors même que le personnage central de l'histoire est terne, peu intéressant et quasiment muet tout au long du roman...
Mais, ceci étant dit, l'impression générale qu'il me reste concernant ce roman tient en trois mots : fouillis, ennui et incompréhension !

Fouillis ? Parce que j'ai eu la désagréable impression d'être abreuvée de descriptions plus ou moins intéressantes sur quantités de sujets divers et variés dans un ordre plus qu'aléatoire ! Certes, d'une manière générale, ceci ne me déplaît guère dans un roman mais, là, j'ai parfois eu le sentiment de lire un traité scientifico-économico-social exposant, en vrac : les principes de la phrénologie, la vie et l'oeuvre de Pasteur, le droit américain (saviez-vous qu'une loi américaine autorisait la castration des criminels sous prétexte que la criminalité serait héréditaire ? J'ai vérifié cette information ici), l'origine du coton et du tissage, une théorie assez intéressante sur les queues, et j'en passe...

Ennui ? Parce que même si les personnages secondaires (l'oncle Balaram, Jyoti Das, le policier ornithologue, Maya, la fiancée éphémère d'Alu, Zindi, la mère maquerelle, etc.) sont atypiques, truculents et bourrés d'aspérités fort intéressantes, le personnage central est tout de même bien fade et ce n'est pas l'envie qui m'a manqué de le secouer un peu ! Du coup, je n'ai pas réussi à m'intéresser réellement à son histoire : du nerf que diable !!! ;-)

Incompréhension ? Bah, déjà, il y avait le fouillis et l'ennui, mon cerveau souffrait ! Pas étonnant qu'il ait été quelque peu embrumé !! ;-)

queueMorceau choisi :
"Si on veut comprendre les queues - les comprendre sérieusement, j'entends -, il faut commencer par admettre qu'on ne sait rien à leur sujet. Ce ne sont pas des choses simples, les queues. Des livres entiers ont été écrits sur elles - en Amérique, en Pologne, au Japon, en Tchécoslovaquie... Les gens voient les queues et ils pensent : Tiens, voilà une chose simple, je vais aller la faire. Mais ce n'est pas simple, pas du tout. Elles sont là avant que vous les voyiez; elles n'ont rien à faire avec vous. Elles étaient là avant que vous veniez et elles seront là après votre départ. Une queue, ce n'est pas juste un homme ou deux hommes ou dix hommes debout l'un derrière l'autre. Même si ces deux hommes ou dix hommes n'étaient pas là, vous auriez cependant une queue, s'étirant par principe. C'est toute une mentalité, un état d'esprit, avec ses humeurs et ses caractères propres." (Points - p.205)

Une grosse déception pour moi mais un auteur à découvrir, peut-être avec un autre livre ! ;-)

Plaisir de lecture : lecture_notation1_30lecture_notation1_30lecture_notation05_30lecture_notation0_30lecture_notation0_30

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Commentaires
L
@Agnès : J'ai entendu tellement de bien du Palais des Miroirs que j'ai très envie de le lire. J'espère qu'il me convaincra plus que celui-ci ! ;-)<br /> <br /> @Niki : Ah, ah, ah !! ;-)<br /> <br /> @Kathel : C'est en effet un pavé assez touffu et je ne suis pas certaine que j'aurais été au bout de ma lecture si je l'avais lu dans les transports en commun !! ;-)<br /> <br /> @Manu : En effet, il ne faut pas faire l'impasse sur l'auteur! Moi-même, j'ai bien l'intention de récidiver avec un autre roman !! ;-)
M
Je ne note pas ce titre mais je ne fais pas l'impasse sur l'auteur.
K
J'ai essayé de lire un roman d'Amitav Gosh, e crois que c'est celui-ci, mais c'était l'édition brochée, et j'ai abandonné assez rapidement, n'accrochant pas du tout... J'étais donc curieuse en voyant cet avis, il confirme l'impression que j'avais eue.
N
bon, ça en fait au moins un à ne pas noter, merci de t'être dévouée ;)
A
D'Amitav Gosh j'ai lu Le palais des miroirs et Le chromosome de Calcutta, ils ne m'ont pas convaincue non plus.
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