Philippe Claudel - La petite fille de Monsieur Linh
Éditions : Le Livre de Poche - Nombre de pages : 184
4ème de couverture :
C’est un vieil homme debout à l’arrière d’un bateau. Il serre dans ses bras une valise légère et un nouveau-né, plus léger encore que la valise.
Le vieil homme se nomme Monsieur Linh. Il est seul désormais à savoir qu’il s’appelle ainsi.
Debout à la poupe du bateau, il voit s’éloigner son pays, celui de ses ancêtres et de ses morts, tandis que dans ses bras l’enfant dort.
Le pays s’éloigne, devient infiniment petit, et Monsieur Linh le regarde disparaître à l’horizon, pendant des heures, malgré le vent qui souffle et le chahute comme une marionnette.
Mon avis :
Monsieur Linh est un vieux monsieur. Fuyant la guerre et les souvenirs de son fils et de sa belle-fille tous deux morts au pays dans cette guerre qui n'en finit pas, monsieur Linh s'exile pour que sa petite-fille ait une chance de vivre. Débarqué dans un monde qu'il ne connaît pas, dont il ne parle pas la langue, il se sent perdu mais, pour l'avenir de la petite, monsieur Linh est prêt à tout même si les gens semblent le regarder bizarrement, se moquer de lui même parfois, même s'il est seul... Heureusement, d'une rencontre dans un parc va émerger une solide amitié, silencieuse, une amitié qui n'a pas besoin de mots pour s'épanouir.
Nous ne saurons jamais le nom du pays d'origine de monsieur Linh, ni l'époque au cours de laquelle cette histoire prend place, ni le nom du pays d'accueil de ce vieil homme et sa petite fille... On devine, peut-être mais qu'importe, ce n'est pas là l'essentiel. L'essentiel c'est que cet homme sacrifie ses habitudes et se lance dans l'inconnu pour sauver sa petite-fille, si petite, si fragile, si sage, si calme, si douce à qui l'avenir ne peut que sourire... L'essentiel c'est aussi cette amitié indéfectible qui se forge dans le silence et la compréhension mutuelle.
Philippe Claudel propose avec ce roman une histoire triste sur la solitude, la difficulté de vieillir aussi, la sérénité des amitiés sincères, l'éblouissement des âmes qui se comprennent mais également la cruauté du regard des autres. C'est un roman qui m'a tout de suite paru étrange : j'ai deviné le fin mot de l'histoire dès la page treize mais j'ai tourné les pages par curiosité pour savoir comment l'auteur comptait traiter cette affaire, comment le vieil homme allait évoluer et quelle pourrait être sa vie dans ce nouveau pays.. Et j'ai été bien déçue ! Après avoir vibré à la lecture du Le Café de L'Excelsior et Les Ames grises, j'attendais beaucoup plus de ce roman qui paraissait, au dire de nombreux lecteurs, être son meilleur... Pourquoi cela n'a-t-il pas autant fonctionné ? Peut-être parce que j'en avais entendu trop de bien, peut-être une question de moment, peut-être la difficulté que j'ai eu à adhérer à l'histoire en elle-même de ce vieil homme, peut-être le style de l'auteur qui m'a moins conquise que lors de mes précédentes lectures... C'est dommage.
Attention, je ne dis pas que je n'ai pas aimé, je dis que ce roman, de mon point de vue, est bien en deçà de ceux que j'avais déjà lus de cet auteur.
Morceau choisi :
"Chaque jour, Monsieur Linh retrouve Monsieur Bark. Lorsque le temps le permet, ils restent dehors, assis sur le banc. Quand il pleut, ils retournent au café et Monsieur Bark commande l'étrange boisson, qu'ils boivent en serrant les tasses entre leurs mains.
Désormais, le vieil homme dès qu'il se lève attend ce moment où il ira rejoindre son ami. Il se dit dans sa tête "son ami", car c'est bien de cela qu'il s'agit. Le gros homme est devenu son ami, même s'il ne parle pas sa langue, même s'il ne la comprend pas, même si le seul mot dont il se sert est "Bonjour". Ce n'est pas important." (Le Livre de Poche - p.83)
A lire et à discuter ;-)
Plaisir de lecture :