Sam Savage - Firmin : Autobiographie d'un grignoteur de livres
Editions : Actes Sud - Traduction : de l'américain par Céline LEROY - Titre original : Firmin - Illustrations : Fernando KRAHN - Nombre de pages : 199
4ème de couverture :
Autobiographie d'un grignoteur de livres, Firmin raconte l'histoire d'un rongeur érudit qui a vu le jour dans les sous-sols d'une librairie de Scollay Square, vieux quartier en péril du Boston des années 1960. Plein d'appétit pour les mots, épris de nourritures spirituelles autant que terrestres, Firmin ne peut communiquer tous ses coups de coeur ni exprimer ses détresses, et voit avec révolte se déliter sa race comme son quartier, cernés par l'incompréhension des hommes et par les mécanismes du profit.
Mais la rencontre avec un romancier marginal le sauve du pessimisme ambiant. Superbe hommage aux valeurs de l'écrit et aux singularités de toutes espèces, l'aventure de Firmin est aussi un fabuleux trait d'union entre littérature, exclusion et résistance.
Mon avis :
L'histoire de ce rat amoureux des livres aurait dû me plaire, pourtant, j'ai très vite perdu mon enthousiasme, et, malgré les pointes d'humour noir qui jalonnent ce roman et qui ne manquent pas d'intérêt et les mini-plongées (ou replongées pour certains) dans les romans que lit Firmin... je me suis ennuyée et j'ai même failli abandonner ma lecture...
Le début partait plutôt bien : Firmin, rat né d'une mère alcoolique dans le sous-sol d'une librairie de Boston, a la "chance" de naître chétif et donc de ne pas faire le poids face à ses douze frères et soeurs lors de la tétée ! Ainsi, il échappe à l'addiction à l'alcool de sa mère et, pour tromper sa faim, dévore des livres, d'abord au sens propre puis au sens figuré. Mais Firmin a une vie triste, solitaire et monotone dont les seuls échappatoires sont la lecture grâce à laquelle il voyage et les "Mignonnes" du cinéma assez "spécial" qu'il fréquente assidûment; et c'est ce dernier point, hautement invraisemblable, qui m'a paru le plus étrange : un rat adepte de films pornographiques !! Du reste, rien, dans ce livre, ne m'a rendu Firmin sympathique : il se croit un génie mais sait être incapable d'écrire, il détermine le caractère des personnes en analysant le topographie de leur crâne mais n'y voit que ce qui l'arrange, en tant que rat, il sait que son espèce n'est pas la plus appréciée des humains mais recherche tout de même l'amitié des hommes et rejette toute idée de lien avec les autres membres de son espèce, il se sait laid, grognon et vaniteux... Bref, vous m'aurez compris... ;-)
Par contre, j'ai bien aimé les illustrations de Fernando Krahn :
"Au final, me voir pour la première fois n'a pas été comme de voir n'importe quel rat. J'ai vécu cette expérience de manière bien plus personnelle, et bien plus douloureuse. S'il était facile de soutenir la vue des formes disgracieuses de Shunt ou de Peewee, j'ai eu beaucoup de mal à supporter ma propre laideur. J'ai bien sûr réalisé que l'intensité de cette souffrance était très exactement proportionnelle à l'énormité de ma vanité, mais cette pensée n'a fait qu'aggraver la situation. En plus d'être laid, j'étais vaniteux - ajoutant le ridicule au reste. Je me tenais là, me dandinant légèrement, visible jusqu'au moindre détail irréfutable - petit, poilu, large de hanche et rétroprognathe. Firmin : fur-man, prononcé à l'anglaise, l'homme à peau de bête. Ridicule. C'est le menton, ou plutôt son absence, qui m'a causé la douleur la plus vive. Il semblait pointer - non que cette non-entité fût capable d'un geste aussi audacieux - un manque grossier de fibre morale. Et puis je trouvais que ces yeux noirs globuleux me donnaient un air grenouillesque tout à fait repoussant. En bref, c'était un visage sournois, malhonnête, dont il fallait se méfier, celui d'un pauvre type. Firmin le vaurien. Mais ces défauts - menton inexistant, nez pointu, dents jaunes, etc. - n'étaient rien en comparaison de l'impression globale de laideur." (Actes Sud - p.59-61) C'est dit !!!!! ;-)
Bref, je ne le recommanderai pas mais je suis peut-être en panne de lecture en ce moment... ;-)
D'autres avis chez BOB (dont beaucoup sont plus enthousiastes que le mien !)
Plaisir de lecture :
"Firmin, le rat que Walt Disney aurait inventé s’il avait été Borges. Si lire est ton plaisir et ton destin, ce livre a été écrit pour toi." Alessandro Barrico. Je ne sais pas si Alessandro Barrico est dans le vrai concernant ce livre mais Disney et Pixar ont inventé un bien charmant rat cuisinier qui n'a rien à voir avec Firmin (je sais, je sais, je ne devrais pas comparer des choses incomparables)...