4ème de couverture :
"Malgré tout ce qu'on pourra dire, je déclare que ce roman est un live honnête, sain et nécessaire aux hommes d'aujourd'hui."
D.-H. Lawrence

Mon résumé :
Nous sommes au début du XXème siècle. Constance, jeune femme assez libérée, issue d'une famille bourgeoise, épouse Sir Clifford Chatterley à la faveur d'une permission : ils bénéficieront d'un mois de lune de miel avant que Clifford retourne au front. Il en reviendra paralysé.
Dès lors, installée avec son mari dans le château familial des Chatterley situé dans les Midlands, Constance, ayant perdu tout espoir d'enfanter un jour, se désintéresse petit à petit de tout et s'en inquiète : "A cause de son détachement de tout, une inquiétude s'emparait d'elle comme une démence." (le Livre de Poche - p.45). Elle cherchera tout d'abord, pendant quelque temps, la satisfaction physique dans les bras d'un ami de son mari avant de trouver l'épanouissement sexuel (et amoureux) auprès de son garde-chasse, fait (oh, combien !) scandaleux et contraire aux convenances de l'époque.

Mon avis :
Je suis ennuyée. En réalité, je suis doublement ennuyée. D'abord parce que ce livre ne m'a pas du tout convaincue et, même, a cessé de m'intéresser dès la fin du troisième chapitre (je l'ai tout de même "héroïquement" terminé) ! Ensuite parce que j'ai proposé cette lecture commune à Ys et j'espère fortement qu'elle n'aura pas ressenti la lassitude qui fut la mienne durant sa lecture ! :-)

Quand je passe si manifestement à côté d'un livre si "universellement" reconnu comme excellent, j'aime aller voir les avis enthousiastes de ses autres lecteurs afin de tenter de comprendre pourquoi je n'y ai pas été sensible. Une question de moment ? Un style exagérément descriptif et soporifique ? Une histoire inintéressante ? Des incompréhensions ? Des contresens ? Une autre raison ? Je ne trouve pas toujours la réponse... et c'est le cas aujourd'hui : j'ai raté mon rendez-vous avec lady Chatterley et je ne puis m'en expliquer la cause !

Pour beaucoup de lecteurs enthousiastes, c'est un roman érotique dont certaines scènes d'amour sont très belles. En cela, il a su retenir leur attention.
Erotique ? Oui, on se doit de le qualifier comme tel. Ceci dit, au regard des livres actuels, je dirais qu'en terme d'érotisme, on a fait beaucoup plus osé ! Mais je comprends qu'un tel livre ait pu faire scandale lors de sa sortie en 1928 et même être censuré !
Scènes d'amour très belles ? Là, je crois être passée à côté. Je les ai trouvées plutôt lassantes, presque trop "scientifiques" dans leurs descriptions, comme une leçon donnée...
Par ailleurs, j'ai relevé un passage symptomatique de la pensée de l'époque concernant la sexualité des femmes; je le trouve particulièrement absurde et même rasciste... "Je croyais qu'il n'y avait plus d'amour, qu'il n'y avait plus de femmes qui pussent tout naturellement suivre l'homme dans la sensation physique; sauf les négresses, et... enfin nous sommes des blancs et les négresses sont un peu comme de la boue." (Le Livre de Poche - p.348)

Pour d'autres, ce roman dépeint très bien la société anglaise des années 1920, avec notamment son passage d'un monde proche de la nature vers un monde plus industriel; le seul refuge contre l'industrialisation, pour les protagonistes, étant un petit bois sur le domaine des Chatterley. C'est un témoignage auquel il convient de prêter attention.
Certainement, je ne le nie pas mais je n'ai pas trouvé cela forcément passionnant bien qu'y reconnaissant un certain intérêt...! D.H. Lawrence décrit de façon assez détaillée (et sans doute fidèle) la vie des mineurs et l'obsession pour l'argent de cette société anglaise en mutation. Et cette mutation ne va pas sans mal... "Nous vivons dans un âge essentiellement tragique ; aussi refusons-nous de le prendre au tragique. Le cataclysme est accompli ; nous commençons à bâtir de nouveaux petits habitats, à fonder de nouveaux petits espoirs. C'est un travail assez dur : il n'y a plus maintenant de route aisée vers l'avenir : nous tournons les obstacles ou nous grimpons péniblement par-dessus. Il faut bien que nous vivions, malgré la chute de tant de cieux." (Le Livre de poche - p.19).

Pour d'autres encore, il s'agit d'un formidable pied de nez à la société de l'époque et à ses convenances : la "lady" qui "couche" avec le garde-chasse sans instruction qui, de plus, parle patois !
Tout d'abord, il ne parle pas que patois, le garde-chasse. Ensuite, il a tout de même quelque éducation et a même servi en tant que lieutenant aux Indes !! Il n'empêche qu'il est garde-chasse et, elle, une "lady", d'accord !
Ceci dit, il s'agit de sentiments qui vont au-delà d'une simple relation extraconjugale visant la satisfaction physique et la fin du roman le prouve. C'est peut-être justement cette fin le véritable scandale pour l'époque...

Je n'ai rien trouvé (mais peut-être n'ai-je pas cherché suffisamment ?) concernant le style de l'auteur et, là, je dois reconnaître que j'ai beaucoup aimé : j'ai été particulièrement sensible à la mélancolie quasi permanente qui émane du texte et aux nombreuses images qui ne manquent pas de réalisme et qui sont, en même temps, assez... poétiques ! "On prétend que le monde est plein de possibilités. Mais elles se réduisent à bien peu de chose dans la plupart des cas. Il y a beaucoup de bons poissons dans la mer... peut-être; mais la grande masse semble d'être que sardines et harengs; et si vous n'êtes pas vous-même sardine ou hareng il est peu probable que vous trouviez beaucoup de bons poissons dans la mer." (Le Livre de Poche - p.63). Très souvent, je pardonne tout à un roman qui a su me "parler" par son style, mais, ici, cela n'a pas été suffisant...

Je ne recommande donc pas ce livre mais je vous dis : "Faites-vous votre propre opinion" ! ;-)

Plaisir de lecture :

Ce livre a été lu dans le cadre d'une lecture commune avec Ys et, peut-être, Erzebeth.

David Herbert Lawrence - L'Amant de Lady Chatterley

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